Photo: F Bernabeu  

 

La guitare acoustique (cordes nylon) joue un rôle essentiel dans l’univers musical de mes chansons. Comme bien des gens de ma génération, j’ai eu un peu accès à la musique par la guitare. On jouait les accords des chansons, celles du folk et de la pop anglo-américaine. On se servait alors de la guitare comme d’une sorte de tambour qui faisait des harmonies. Ça n’était pas encore pour moi vraiment un instrument de musique, tout juste un accessoire dans ma panoplie de beatnik !

Mais l’appétit est venu en mangeant, comme on dit ! Par le biais de la guitare classique et surtout des enregistrements du grand guitariste John Williams, j’ai découvert que la guitare était un véritable instrument polyphonique et du coup j’ai commencé à apprendre un peu plus la musique. En autodidacte, donc de ci de là, de bric et de broc, du coup je n’ai toujours pas fini  mon apprentissage, tellement c’est long !

Je suis issu d’une génération  dont le goût s’est formé à l’écoute des chanteurs à la guitare, ils étaient nombreux à l’époque, de Bob Dylan à Brassens, en passant par Guy Béart, Graeme Allwright et d’autres. Cette image de chanteur avec une guitare nous a frappés énormément. Il y en  avait des tas, des sortes de bardes qui chantaient du texte et des idées, cette manière de concevoir la chanson ne m’a jamais quitté.  

La guitare est un instrument très simple, même rudimentaire, bien adapté à la musique d’inspiration populaire, c’est un instrument qui se marie très bien généralement avec les instruments de base des musiques des folklores, comme les percussions par exemple, les peaux frottées ou frappées à la main, avec les cordes pincées aussi, comme celles de la contrebasse.

Il ne m’a jamais paru nécessaire de trop arranger les chansons, je n’aime pas les arrangements trop pleins où le silence n’a plus de place, j’aime bien qu’on entende encore le silence autour des instruments, que les sons ne soient pas trop abstraits, qu’on sente la présence de quelqu’un en train de jouer. Ça n’est possible qu’avec peu d’instruments à la fois.

La guitare et la contrebasse jouent dans un registre grave. J’aime bien que ces deux instruments graves accompagnent la voix dans une chanson, ils produisent quelque chose de sourd et de fondamental, une sorte de respiration lointaine, comme un battement, celui du cœur de la chanson bien sûr !  

J’essaie d’adapter l’univers harmonique de mes chansons à cette simplicité, et dans l’idée que je me fais de mes propres chansons le folklore n’est jamais très loin. J’aimerais qu’il  en soit de même pour ceux qui les écoutent. D’ailleurs je n’ai finalement peut-être pas d’autre ambition que de réussir à écrire un jour quelque chose du style de « Aux marches du palais » ou « A la claire fontaine »… Une paille ! Je n’y parviendrai bien sûr jamais, mais ça permet d’avancer ! Voilà donc une tâche qui m’occupe entièrement, et comme disait ma mère quand j’étais petit : « Au moins, pendant ce temps, il ne fait pas de bêtises ! »

Pierre Delorme

 

Pierre Delorme