Enfance

Non, je n’ai rien gardé
De mon enfance
C’était dans une impasse
Une quelconque rue
 
Vieux souvenir qui dort
Dans ma mémoire scellée
Vieilles choses enfouies
Comme au fond d’un tombeau
 
Non, je n’ai rien gardé
De tout ça, ni les rires
Ni les jours qui s’ennuient
Aux fenêtres de pluie
 
Ni les douceurs amères
Ni les chapeaux d’Indiens
Tout cela envolé,
En fumées, fumées, fumées…
 
Non, je n’ai rien gardé
Du linge qui balance
Des ombres effacées
Féminines présences
 
Les silhouettes passantes
Des hommes fatigués
Et mon père qui rentre
Tout cela, fumées, fumées…
 
Non, je n’ai rien gardé
De mon enfance
Un air d’harmonica
Pour bercer le silence
 
Un jardin ébloui
Dessous un ciel d’été
Comme un regard inquiet
En face d’une absence
 
Fumées, fumées,
fumées…
 
Pierre Delorme