Décembre 2012 

Il est sorti...

Voir ci dessous les premiers retours

 

Ça ira bien comme ça
     un nouvel album de Pierre Delorme

  1- Le rafiot
  2- Baby-boom
  3- Je l'avais aperçue
  4- Et des poussières
  5- L'armée des invisibles
  6- Au soleil
  7- Les oiseaux survolaient (II)
  8- La ballade de François Villon
  9- Les tables des bistrots
10- Dormeuse du val
11- At home
12- Au bruit de mon nom

Paroles et musique Pierre Delorme
sauf "Au bruit de mon nom" (paroles de Raymond Busquet)

Chant et guitare, Pierre Delorme
Contrebasse, Thierry Réocreux
Percussions, Michel  Chionchini 

                                                 
Commander à :
                                                               Pierre Delorme 
                                                               39 rue Paul Verlaine
                                                               69100 Villeurbanne 

                                                                                  18 euros (port compris)
 Le rafiot
 Il y a des chansons dont on se dit qu'on n'aurait pas pu les écrire à vingt ans ou même à quarante ans, on les écrit plus tard quand on comprend que l'âge avance et qu'il a même vraiment avancé... avec une métaphore maritime ça passe mieux !

 Baby-boom
 J'appartiens à la génération du baby-boom, celle qui a vu le jour juste après la Seconde Guerre mondiale. Dans cette chanson j'ai mis des éléments qui appartiennent à notre enfance, celle de tout le monde et un peu la mienne. C'est comme dans la vie, il y a un peu de soi-même et beaucoup des autres!

 Je l'avais aperçue
 Dans chaque album que j'ai publié j'ai essayé d'enregistrer une chanson consacrée à la peinture et à un peintre en particulier, avec l'idée lointaine de les réunir un jour en un seul album ( Peintres). Mais voilà, le temps commence à presser et je ne vais pas bien vite, alors j'ai écrit cette chanson qui évoque quatre peintres à la fois : Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard et Gustave Courbet! Grands peintres de nus féminins.

 Et  des poussières...
 Aujourd'hui, avec nos écrans qui brillent partout et nos cadrans à chiffres lumineux, il est plus facilement seize heures cinquante-trois que cinq heures moins dix et des poussières, comme on disait avant, quand le temps était moins précis.

 L'armée des invisibles
 C'est un hommage à Florence Aubenas et son livre Le quai de Ouistreham, et à tous les invisibles.

 Au soleil
 Une rêverie tranquille, l'été, sous une tonnelle.

 Les oiseaux survolaient (II)
 Une de mes premières chansons, que j'avais enregistrée et beaucoup chantée, commençait comme ça: Les oiseaux survolaient la marquise de la gare... J'ai voulu voir où m'entraîneraient ces mêmes quelques mots aujourd'hui.

 La ballade de François Villon
 J'ai connu des pendus, si je puis dire, des gens comme vous et moi, mais c'est une une drôle de façon de mourir quand même, et puis sur ma table traînaient les poésies de François Villon, alors j'ai écrit cette chanson, au fil de mes pensées.

 Les tables des bistrots
 Mon grand-père, fort buveur, aimait à rappeler que « la terre est basse, le ciel est haut, y a que les tables des bistrots qui sont à niveau »!
Cette chanson est un simple exercice de nostalgie (un terrain connu des amateurs de chanson) sur nos premiers bistrots et nos premières amours, au temps de nos jeunesses.

 La dormeuse du val
 Un rêverie encore, à partir du célèbre poème d' Arthur Rimbaud.

 At home
 C'est rentrer chez soi, une fois que tout est fini, voilà tout.

 Au bruit de mon nom
 C'est un poème de Raymond Busquet (1926-1979) que j'avais mis en musique alors que je devais avoir dix-sept ou dix-huit ans. Busquet était prof dans le lycée où j'étais élève, plus passionné par la guitare que par les cours d'ailleurs. Il m'avait confié ce poème dont je n'avais pas perçu en mon jeune âge le sens profond, mais qui m'attirait et que j'avais chanté dans le style des ballades folk de l'époque.
Le faire figurer dans ce disque est sans doute aussi une manière de boucler la boucle.

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Les premiers retours
 
Sauf si vous habitez le Palais du Silence, s’il vous plaît, faites-moi plaisir : le disque de Pierre Delorme, écoutez-le au casque. C’est le plus sûr moyen de rendre justice à la voix et aux guitares folk et classique de Pierre, à la contrebasse de Thierry Réocreux, aux percussions de Michel Chionchini. Sans oublier l’oreille de Frédéric Finand qui a pris le son. Qu’il est facile, dans ces conditions, d’entrer dans la musique ! Pour les textes, ils exigent un peu de patience. L’album a beau ne dépasser les 36 minutes que de quelques secondes, il faut beaucoup plus de temps pour tout entendre des paroles. La faute aux images qu’elles portent. 
Celle-ci, par exemple, qui ouvre 
« Baby-Boom » : 
« On avait du linoléum 
Et sur la table du Bulgomme 
Pour la belote le dimanche ». 

Pour peu que vous soyez né autour de 1950, elle vous ramène à une époque où les amis s’invitaient sans carton préalable, et aux gros mots de Tonton Joseph qui aimait bien perdre aux cartes pour gagner le plaisir de râler… Et pendant ce temps, elle a filé la chanson. Peut-être même que la suivante a commencé sans qu’on s’en rende compte. Pas grave, on y reviendra. Comme je l’écrivais, il n’y a guère loin sur cette même page, les CD qu’on a envie d’écouter plusieurs fois sont trop rares (même si cet automne, j’en compte déjà deux) pour ne pas en profiter. Dans celui-ci, qui s’ouvre et se referme sur deux métaphores maritimes qui soulignent que l’âge du chanteur avance (le mien suivant de près !), on rencontre quelques plages de repos. Telles « Les Tables des bistrots » où l’on s’assiéra avant de crapahuter vers le sommet suivant : « La Dormeuse du val ». Oui, Pierre Delorme a osé à une version féminine du chef-d’œuvre de Rimbaud et, aux dernières nouvelles, Arthur ne s’est pas retourné dans sa tombe. Faut dire qu’à lire ces quelques vers d’avant la chute (que je ne vous livrerai pas), il n’avait pas de quoi : 

« Plus rien ne battait dans la veine de sa tempe
Sur son front, quelques cheveux frissonnaient au vent
Elle gisait parmi les fleurs et l’herbe tendre » 

Et puis il y a « Et des poussières ». Celle-là… voilà deux jours que je pèse mes mots – c’est dire si je suis sûr de ma balance –, celle-là, elle est du niveau d’un Brel à son plus haut niveau (sans ressembler à du Grand Jacques, heureusement). Et si un prix de la chanson chrétienne existait, elle se le mériterait. Parce qu’on ne peut pas écrire…

« Pour ceux-là qui prient et qui pleurent
Et qui demeurent inconsolés
Agenouillés dans les lueurs
Du grand vitrail illuminé
Pour ceux-là qui prient et qui pleurent
Sous le vitrail illuminé
Ajoutons donc quelques lueurs
Et des poussières d’éternité. »

… sans jamais tendre les yeux vers le Ciel.
Quand j’écris « chrétien », je pense aux habitants du XVIIIe siècle, qui ouvrirent leur porte à Benoît-Joseph Labre, le saint sans domicile ni souliers ; pas aux tristes files de nos années obscures, qui battent le pavé (même pas mal ! il en a vu d’autres…) en demandant qu’on trie entre les gens qui s’aiment.

(À ceux qui ont lu jusqu’au bout : désolé, c’était un peu long, mais il fallait au moins ça.)
                                                                                                                 René

 

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Le dernier album de Pierre Delorme vient de sortir…
 
Pierre Delorme fait partie de ces artistes, ces artisans plutôt, qui offrent tous les trois ou quatre ans, un album de qualité qui comme ces bons vins mûris en fût de chêne, distillent à leur sortie des bouquets irrésistibles…
 
Aujourd’hui n’est plus vraiment comme hier. Le temps a fait son œuvre, mais on est en soi tout à la fois… l’enfant émerveillé, l’adolescent rebelle, l’adulte raisonnable… c’est ainsi, demain sera autre et « ça ira bien comme ça »…
 
Quel plaisir de se laisser aller aux flux et reflux d’émotions qu’engendrent « trois petites notes » sur quelques vers ou quelques proses. Dès la première écoute, j’ai été frappé par cette voix qui enlace chaudement, par ces accords de guitare qui réveillent tant de beaux souvenirs, par le cœur qui se met à battre au diapason de la contrebasse et de quelques ornements qui procurent des petites explosions de fraîcheur avec beaucoup de délicatesse.
 
Ode au temps passé, ode au temps qui passe, ode au temps qui reste… Il y a dans la poésie et les mélodies de Pierre toute l’éternité de la vie, du recommencement. Les amours d’aujourd’hui ne sont pas différentes de celles d’hier… Le désir de rencontrer l’âme sœur, un peu de réconfort, l’humanité, de dénoncer injustice et indifférence restent d’une brûlante actualité. Alors, bien sûr, cette quête d’absolu ne se fait plus forcément dans les bistrots d’antan, mais les tonnelles, les marquises de gare, les prés vallonnés qui s’ouvrent sur la beauté du monde ont encore de beaux jours… d’autant qu’un jour justement il faudra quitter ce monde… pour retourner atome, pour rentrer at home, comme chante Pierre…
 
D’aucuns parleront de nostalgie. Oui, sans doute, mais une nostalgie bienveillante, sans regret, car le regard porté ici reste serein et révèle des petites lumières qui brillent au fond des yeux…
 
Ca a été, c’est, ça sera et… « ça ira bien comme ça » !
 
                                                                                                         Jean-Claude
 

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Voici le septième opus de Pierre Delorme, toujours fidèle à son cheminement artistique, loin des frasques et des facilités de ces temps de confusion.
            L'auteur compositeur, comme à chaque production discographique, prend son temps, polit son œuvre, la débarrasse de ses fioritures inutiles pour aller à l'essentiel, œuvre d'artisan rigoureux et respectueux de la belle ouvrage.
 
            Douze titres se succèdent harmonieusement, tels des tableaux de peintre avec ce qu'il faut d'émotion pour laisser courir des frissons .
            Le thème principal de cet album est le temps, le temps de naviguer sur le rafiot de la vie en écopant à chaque coup de vent , en raccommodant l'esquif avec des bouts de ficelle, en s'accrochant à la voile de la tendresse, même si nous ne sommes que poussières d'éternité.
            Les paysages du corps féminin  se découvrent au gré d'une porte entrebâillée, au creux d'un vallon à la faveur d'une promenade, sur une humble pelouse, dans le souvenir des amours de jeunesse quand les oiseaux survolaient la marquise de la gare.
            Maître François Villon vient s'inviter dans une ballade poignante que ne renierait pas tonton Georges.
            Vieil enfant du baby-boom, Pierre se rappelle du temps des coquelicots, du temps où les usines crachaient leurs fumées charbonneuses et des tables des bistrots d'où s'envolaient les premières rimes entres deux baisers adolescents.
            Sans oublier cette armée des invisibles, effaçant la poussière au-dessous de nos pas, anonymes en détresse ignorés par ce monde injuste.
 
            Le chanteur ne se complaît jamais dans les émotions faciles mais se fait témoin de son époque, en troussant ici douze petites merveilles de chansons habillées de cordes de guitare usant d'un jeu tout aussi subtil qu'harmonieux.
            Une contrebasse et des percussions discrètes soulignent la réussite sans faille de l'un des plus beaux albums de l'année qui s'achève par la mise en musique d'un poème de Raymond Busquet, poème d'une concision et d'une profondeur rares.
 
                                               Daniel LABEYRIE
 
 
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J’aime bien Pierre Delorme. Même quand il ne chante pas. Il compte parmi les très rares artistes qui, sur leur propre site internet ou leur mur facebook, ne se contentent pas de parler d’eux-mêmes, et encore d’eux-mêmes, de leur œuvre, de leurs dates de concert, des articles qui leur sont consacrés. Il n’est non plus, visiblement, d’aucun de ces clans quelque peu hermétiques qui existent aussi, hélas, dans ce petit monde de la chanson de parole, agglutinés autour d’une poignée d’artistes vénérés, en dehors desquels il semblerait que pas grand-chose ne vaille la peine d’être écouté.
Et quand il parle de la chanson, Pierre, c’est pour tenter d’aller profond, et non pour ajouter une énième couche d’idolâtrie pesante aux innombrables propos béats et dépourvus de sens critique dans lesquels paressent trop souvent ses amoureux supposés. Cela ne va d’ailleurs pas sans courir le risque de passer, aux yeux des fidèles, pour le mauvais coucheur de service. Car, pour eux, sortir de l’adoration quasi religieuse envers leurs idoles, émettre la moindre réserve quant à telle chanson, telle mise en musique, tel accompagnement, telle interprétation, est illico perçu comme un crime de lèse-majesté, une déclaration de guerre. Pour vous en convaincre, allez voir comment tournent les « débats », sur certains sites exclusivement consacrés à la chanson, dès lors que vous exprimez autre chose qu’une admiration sans bornes. C’est curieux, mais c’est ainsi.
Je disais donc que j’aime bien Pierre Delorme. Même quand il chante. Et ce n’est pas son dernier CD, qui vient de sortir le plus discrètement du monde, qui me fera changer d’avis. Le fil conducteur en est le temps qui a passé sur les enfants du baby-boom, phénomène auquel Pierre Delorme rend d’ailleurs un bel hommage qui « parlera » avec émotion aux gens de cette génération, pour peu qu’ils aient connu le linoléum des modestes et les petits voyages sur le porte-bagage du vélo de papa. Une belle et tendre nostalgie poétique habite « Le Rafiot », « Baby-boom », « Les tables des bistrots », « Les oiseaux survolaient », sans toutefois enjoliver le passé à outrance ou barrer le chemin à l’espérance, comme dans ce petit chef-d’œuvre qu’est, à mon sens, la chanson « At home ».
Mais la nostalgie seule ne suffit pas à rendre une œuvre délicate et belle, si ne l’accompagne pas à tout instant un sentiment de grande humanité. C’est le cas ici, comme dans « L’Armée des invisibles », cette adresse aux politiques et autres « gens importants » pour qu’ils portent un peu, parfois, leur regard sur ceux d’en bas, de tout en bas, mais aussi et surtout dans cette chanson qui restera, pour moi, un sommet de bonté et d’humanisme, « Et des poussières ».
Quelques pauses nous sont offertes dans ce regard vers hier. Une douce et mélodieuse paresse « Au soleil », une « Ballade de François Villon » sur une musique que n’aurait sans doute pas reniée Georges Brassens, et « La Dormeuse du val », émouvante version féminine du célèbre poème d’Arthur Rimbaud. Enfin, le CD se termine sur un touchant poème de Raymond Busquet, « Au bruit de mon nom », que la mélodie de Pierre Delorme magnifie. J’ose écrire ici, tant pis, que dans l’histoire de la poésie mise en musique cette chanson devrait figurer parmi les plus belles qui soient.
Un mot encore, sur l’enregistrement. Ayant œuvré au Forum Léo-Ferré, avec une poignée d’amis, durant près de douze années, il me fut donné d’écouter les très nombreux CD que nous recevions. Je me suis longtemps attelé à cette tâche avec sérieux, et très vite avec lassitude. Beaucoup de ces CD émanaient de jeunes chanteurs. Dans 90% des cas – et je crois être hélas au-dessous de la vérité en avançant ce chiffre –, je ressentais cette désagréable impression que le chanteur n’était là que comme accompagnateur des musiciens. Cela n’était pas toujours regrettable, au vu des paroles insipides parfois imprimées sur le livret, mais cela m’obligeait toutefois à tendre l’oreille dans un effort permanent pour comprendre les mots chantés, transformant l’écoute en véritable corvée.
Cela pour dire que nous sommes ici, avec Pierre Delorme et ses chansons, à l’exact opposé. Diction parfaite, paroles à tout instant compréhensibles, accompagnement musical discret tout autant qu’efficace de Thierry Réocreux à la contrebasse et de Michel Chionchini aux percussions (tous deux parfaits). Bref, ce qu’on attend de l’attention et du respect qu’un artiste porte à son public. Et quand la beauté des textes et des mélodies s’y ajoute, que demander de plus ?
 
 
30 décembre 2012 par florealanar
 
 
 

 

Pierre Delorme