Train de nuit
 
 
 
Contre la vitre du wagon
Elle avait appuyé son front
Dans la lueur de la veilleuse
 
Son livre ouvert à l’abandon
Sur la banquette sans façon
Elle semblait un peu rêveuse
 
Ses jambes repliées sous elle
Comme une chaste demoiselle,
Oui, mais la lune était joueuse
 
Et sous sa jupe à petits plis
Par le clair de lune surpris (e)
J’aperçus sa cuisse gracieuse
 
Sa jupe remontait si haut
Mon cœur tapait comme un idiot
Oui, mais lune facétieuse
 
Tout d’un coup disparut du ciel
Nous entrions dans un tunnel
Sous la montagne ténébreuse
 
Tout s’évanouit à l’horizon
Les champs les enclos les maisons
Mais contre la vitre brumeuse
 
J’ai vu son visage en reflet
Tranquille qui me souriait
Elle semblait un peu moqueuse
 
Mon cœur se mit à faire des bonds
Mais le tunnel n’était pas long
Et quand la lune baladeuse
 
A nouveau s’est posée dessus
Sa jupe était redescendue
Sur cette vision merveilleuse
 
En ce temps j’étais un peu fou
Je m’en allais je ne sais où
Ma jeunesse était capricieuse
 
Contre la vitre des wagons
J’aimais bien appuyer mon front
Mes rêveries étaient nombreuses
 
Pierre Delorme